vendredi 10 avril 2009

Conclusion sur les tentatives de l'homme pour améliorer la situation


Si l'on est pessimiste, on peut dire que nos amis les nouvelles stars du « sauvons la planète » n'ont rien fait de mieux que de nous concocter un univers dans lequel les riches paieront pour avoir le droit de polluer et de manger bio, tandis que les pauvres hériteront d'un inframonde constitué d'interdictions, de pénuries et d'aliments synthétiques.
L'évolution vers une société respectueuse de notre environnement ne se fera pas du jour au lendemain, certes, car il faut trouver des alternatives durables à tout ce qui est remis en cause dans notre mode de vie, et les recherches seront longues, avec des périodes d'échec (comme pour les agrocarburants).
Mais il serait peut-être temps que les hommes politiques prennent conscience de l'urgence de la situation et agissent de façon un peu plus radicale. Par exemple, on pourrait utiliser, ne serait-ce qu'en partie, l'argent destiné à la recherche dans l'armée pour restaurer la vie sur Terre.
Avec des moyens plus audacieux pour préserver notre planète, nous pourrions permettre aux animaux de vivre en paix, sans difficulté supplémentaire dans leur lutte quotidienne pour la survie, notamment lorsqu'ils migrent.

Agrocarburants: fausse alternative ou espoir?


Afin d’atténuer l’effet de serre et d’anticiper la hausse des prix du pétrole, l’idée d’utiliser des agrocarburants est apparue. L’huile végétale comme carburant est en effet beaucoup moins polluante que le pétrole.
Pour cela, il faudrait convertir de nombreux espaces destinés auparavant à la production de nourriture pour satisfaire le besoin croissant de carburant. Vingt fois la surface agricole française reconvertie en exploitation pour les agrocarburants serait nécessaire pour couvrir les seuls besoins de la France. L’Europe sera donc forcée d’importer une partie de cette alternative de l'or noir. Où seront-ils produits? En Malaisie, en Chine, au Brésil, à partir des produits alimentaires de base des populations. Les paysans souffrent déjà de malnutrition, ils se voient maintenant de plus en plus démunis face aux géants des pays développés qui sont souvent prioritaires, par exemple dans l’achat du maïs, au Brésil.
Mais ce n’est pas tout : pour dégager les espaces nécessaires, les agriculteurs doivent déboiser, encore et encore. La production d’huile de palme est la première cause du défrichement des forêts malaisiennes, et la situation est identique au Brésil : la forêt amazonienne laisse place aux plantations de maïs. La situation devient absurde : pour pallier au réchauffement climatique, nous devrions donc déboiser nos précieuses forêts, véritables poumons de notre planète qui absorbent le CO2 ?
Pourtant, depuis peu, il est question d'agrocarburants de seconde génération. La définition en est encore vague, mais il s'agirait tout au moins d'agrocarburants avec moins d'effets secondaires néfastes. Ils seraient produis à partir de résidus de cultures, de plantes non nourricières pour l'homme cultivées sur des terre arides, voire d'algues. Ainsi ils n'empièteraient pas sur les terres destinées à nourrir les populations.

Le Grenelle de l'environnement : un véritable premier pas vers l'écologie?



Du 15 juillet à fin décembre 2007, en France, s'est déroulé la création du Grenelle de l'environnement. Plusieurs phases se sont succédées : tout d'abord, l'élaboration de propositions d'actions, puis la consultation des publics, l'élaboration de plans d'action et de programmes, et enfin, la phase opérationnelle. Six groupes de travail composés de quarante membres chacun ont débattu des grands axes d'action en fonction de leur thématique. Au final, plusieurs décisions ont été adoptées dans différents domaines : l'énergie, l'agriculture, les transports, le bâtiment, la biodiversité et la santé.
Au niveau de l'énergie, la stratégie des « 3 fois 20 en 2020 » devrait être adoptée. Elle consiste à diminuer de 20% les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d'énergie, et à augmenter de 20% la part des énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolien, biomasse, géothermie). La production de lampes à incandescence devrait aussi être stoppée d'ici à 2010.
La réduction de moitié de l'utilisation de pesticides sur les terres agricoles d'ici à 2010 est une décision finalement atténuée du fait qu'il n'y a plus de calendrier précis.
Un système d'« écopastilles » et de bonus-malus pour chaque voiture doit être mis en place : une taxe sur l'achat de voitures qui rejettent trop de dioxyde de carbone au kilomètres, une ristourne pour celles qui en rejettent très peu. Le système du ferroutage devrait être remis en valeur et de nombreuses lignes de tramways et de TGV doivent être crées. Au niveau de l'aérien, on projette de diminuer de 50% les émissions de dioxyde de carbone et les nuisances sonores.
Dans le bâtiment, les nouvelles constructions devront respecter les normes de très haute performance énergétique (un maximum de 50 kWh/m² contre 240 kWh/m² en moyenne aujourd'hui). L'Etat rénovera ses anciennes constructions et incitera fortement les particuliers à le faire à l'aide de crédits d'impôts et de prêts.
La biodiversité est à la page, puisque le « premier outil opérationnel du Grenelle » est la Fondation de coopération pour la recherche sur la biodiversité et la préservation du vivant, créée en février 2008. De plus, en 2012, 10% de nos eaux territoriales seront classées en aires marines protégées.
Enfin, des efforts seront fait pour ne pas dépasser le seuil de 15 microgrammes par mètre cube de particules fines dans l'air, d'ici à 2015 (alors que l'OMS préconise de ne pas dépasser les 10 microgrammes par mètre cube).
Prenons un peu de recul.
Les ONG représentant l'écologie au Grenelle ont été désignées par le gouvernement, et certaines ont été exclues, comme le Réseau Sortir du nucléaire, ce qui n'est évidemment pas sans raison : l'Etat a confirmé son engagement pro-nucléaire tout au long des négociations. Ironie du sort, M.Sarkozy annonçait dans son discours à l'occasion de la restitution des conclusions du Grenelle : « En tant que chef de l'Etat, vos propositions, je les fais miennes, je les porterai et je les mettrai en oeuvre ».
Beaucoup de mesures, si elles sont bienvenues, ont déjà été adoptées par nos voisins européens, sans autant de tapage médiatique. Les OGM, sujet traité avec réserve, ont obtenu un gel des cultures jusqu'au printemps, date des prochains semis. On ne peut que sourire face au projet des 10% d'eaux territoriales classées en aires marines protégées, puisque c'est un objectif auquel la France a souscrit en 2002... au Sommet de Johannesburg. Nous en sommes à 0,19%.
Au final, ce rendez-vous mondain a plus annoncé des chantiers aux destinées incertaines que des décisions sonnantes et trébuchantes. Et force est de constater que, bien que les participants aient remués de grandes phrases sur la biodiversité, les terrritoires d'outre-mer sont peu évoqués, alors qu'ils constituent l'une des plus grandes richesses naturelles de la France.
Le seul mérite du Grenelle a été de propulser les thèmes de la préservation de la nature et de la biodiversité au coeur du débat public. Il nous fait entrer maintenant solennellement dans une nouvelle ère de protection de la nature.
Le vrai Grenelle commence aujourd'hui.

Le protocole de Kyoto


Le protocole de Kyoto, entré en vigueur en février 2005, a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effets de serre afin de lutter contre le réchauffement climatique.
Ces gaz proviennent essentiellement de la combustion des énergies fossiles et de la déforestation pour le dioxyde de carbone, des décharges d'ordures ménagères et des exploitations pétrolières et gazières pour le méthane, et de la climatisation pour les gaz réfrigérants.
Presque tous les pays du monde ont ratifié le protocole, à l'exception notoire des Etats-Unis qui émettent pourtant près d'un tiers de ces fameux gaz à effet de serre.
A l'issue des négociations, les pays développés, les plus pollueurs, ont décidé de réduire globalement les émissions de gaz à effet de serre de 5% par rapport à 1990 sur la période 2008-2012. L'UE, quant à elle, devra baisser de 8% ses émissions, objectif qu'elle a réparti en fonction des Etats membres. La France, par exemple, devra simplement se stabiliser par rapport à 1990.
Afin que les pays développés réalisent plus facilement les engagements auxquels ils ont souscrit, le protocole a crée, à l'échelle internationale, des « mécanismes de flexibilité ». Tout d'abord, le « permis d'émission », qui permet de vendre ou d'acheter des droits d'émettre, entre les pays industrialisés. Puis, la « mise en oeuvre conjointe » (MOC), qui permet d'élaborer des investissements à l'étranger ayant des émissions réduites, ce qui entraîne un bénéfice de crédits d'émissions pour le pays investisseur. Enfin, le « mécanisme de développement propre » (MDP), qui est similaire à la MOC, mis à part que les investissements se font par un pays développé dans un pays en développement.
A l'échelle nationale, ce système de marché de permis d'émission ne suffira pas pour répondre aux contraintes du protocole de Kyoto. Il ne concerne en effet
qu'une partie du secteur industriel et énergétique dont les émissions sont presque stables. En revanche,ce marché exclut les secteurs primaire, tertiaire et celui des transports et du résidentiel, dont les émissions ne cessent de croître et sont les plus importantes.
Une suite du protocole de Kyoto est prévue pour 2009, la conférence des Nation Unies qui s'est tenue à Bali en Décembre 2007 au sujet du réchauffement climatique en est le début. L'« idéal » serait de limiter la hausse des températures à 2 °C au dessus de celles de l'ère pré-industrielle, pour éviter les effets les plus catastrophiques. L'UE a proposé que les pays développés s'engagent à réduire leurs émissions de gaz à effets de serre de 30% d'ici à 2020, et de 60% à 80% d'ici à 2050, par rapport à 1990. Mais rien est encore décidé car le plus dur ici est de mettre tous les pays d'accord : il n'est pas encore sûr que les Etats-Unis ratifieront le traité.
La lutte contre le réchauffement climatique ne se fera pas sans une conscience planétaire de nos acte.

samedi 4 avril 2009

Le naufrage de l'Erika: un premier pas vers le "préjudice à l'environnement" dans le droit français



Depuis l’incident de l’Erika, le 12 décembre 1999, un Département se trouve être une association indemnisée. C'est peu, mais c’est la première fois que la Justice reconnaît les atteintes à l'environnement. Les écologistes souhaiteraient une évolution du droit français.
Avec le naufrage de l'Erika, le préjudice écologique fait ainsi son entrée dans le droit français. Le Tribunal correctionnel de Paris s'est heurté à la difficulté du calcul du prix de la nature dévastée par la marée noire, raison pour laquelle il y a eu si peu d'élus : un seul département, le Morbihan, touchera un million d'euros, et une association, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), 300 000 €. Pour motiver ce préjudice, la LPO a dû présenter au tribunal une évaluation financière d’un oiseau mazouté.
Les trois Régions, parties civiles, et les communes ont été écartées. En effet, elles n'ont pas, dans le Code de l'urbanisme actuel, de responsabilités définies « dans la protection, la gestion et la conservation d'espaces naturels sensibles ».
En revanche, c'est le cas des départements. Pour obtenir réparation, il fallait « démontrer » les atteintes portées sur des espaces naturels bien définis. Le Tribunal a rejeté les dossiers ne délimitant pas les zones souillées par l’accident. Le Morbihan, lui, a démontré que 662 hectares d'espaces naturels, sur les 3 000 acquis par le département, avaient été victimes de la pollution. Il a proposé un mode de calcul du préjudice, en le basant sur la taxe départementale sur les espaces naturels sensibles (1 % de la taxe de l'équipement).
Raisonnement similaire pour les associations ; cette fois, c'est le Code de l'environnement qui se met en application. Il était nécessaire que, statutairement, elles aient pour mission de protéger la nature. C'est le cas de la LPO qui gère des centres de soins pour oiseaux mazoutés ainsi que des réserves naturelles. De cette manière, un prix a-t-il pu être attribué : 70 € par oiseau touché. « Le prix du vivant ».
Il s’agit là de l’ouverture du débat sur le prix du vivant. Avant, les tribunaux n'envisageaient des indemnités que pour des produits commerciaux (moules, huîtres...). Cette fois, le guillemot, le macareux ou l'eider duveteux se voient reconnaître une valeur.
Le tribunal ne parle pas de dommages écologiques, mais seulement d'atteintes à l'environnement. Pourquoi ? Tout simplement à cause de la connotation politique. Les ONG écologistes demandent que de nouvelles dispositions sur la responsabilité vis-à-vis de l'environnement soient intégrées dans le projet de loi issu du Grenelle. Et la France doit prochainement transcrire en droit français une directive européenne de 2004 qui prend en compte ce préjudice.

La pollution lumineuse : une menace sous-estimée



On parle de pollution lumineuse lorsque les éclairages artificiels sont si nombreux et omniprésents qu'ils nuisent à l'obscurité normale et souhaitable de la nuit.Ainsi, à la tombée de la nuit, d'innombrables sources de lumières artificielles (éclairage urbain, enseignes publicitaires, vitrines de magasins, bureaux allumés en permanence...) prennent le relais du soleil dans les centres urbains jusqu'au plus petit village.
Mais cette expression est aussi utilisée pour désigner les conséquences de l’éclairage artificiel, nocturne, sur la faune, la flore, la fonge (le règne des champignons), les écosystèmes ou parfois des effets suspectés ou avérés sur la santé humaine.
Cependant, la pollution lumineuse est une forme de pollution assez peu évoquée car à priori peu néfaste pour la santé lorsqu'on la compare aux pollutions plus classiques : déchets, smog urbain, eaux souillées....
Mais elle a malgré tout des effets néfastes observables lors de la migration des oiseaux. Cette luminosité excessive perturbe leur sens de l’orientation, rendant leur périple encore plus difficile.
On la suspecte d'être au moins partiellement responsable de la régression, voire de la disparition d'un certain nombre d'espèces de leur aire potentielle de répartition.
En avril-mai, pendant la nuit, l’unique poussin du pétrel de Barau se décide à quitter les terriers où il a grandi, à la Réunion, dans les hauts sommets. Il doit rejoindre la mer, et ne reviendra en ces lieux que pour se reproduire à son tour.
Mais depuis quelques années, à cause des éclairages générant une pollution lumineuse importante, au lieu de se diriger vers la mer, ils se posent dans les villages des cirques, au beau milieu de l’île.
Ce serait dû à un réflexe inné : ils se nourrissent de plancton bioluminescent. Une fois posés, les pétrels sont incapables de redécoller -c’est pour cela qu’ils se posent dans les hauteurs, ils en ont besoin pour prendre leur envol- et meurent soit d’épuisement, soit dévorés par un chat ou un chien.
Espèce endémique, on estime 5000 couples au maximum et chaque année, on ramasse 300 à 900 de ces oiseaux.
Des réflexions au niveau européen et international ont eu lieu (et continuent d'être menées) pour tenter de mieux comprendre les impacts des lumières générées par les activités humaines sur la biologie des oiseaux, et les moyens de limiter ces effets négatifs.

vendredi 3 avril 2009

La migration entravée des saumons



Le saumon quinnat, aussi dit royal (oncorhynchus tshawytsha) est le plus gros de tous les saumons du Pacifique, pouvant peser jusqu’à 60kg.
À la saison des amours, les poissons âgés de 3 à 5 ans, matures sexuellement, vont frayer dans leur rivière natale, du Kamtchatka à Hokkaido, de l'Alaska à la Californie, quittant leur domaine maritime pour rejoindre le cours d'eau qui les a vu éclore. Ils le reconnaissent à l'odorat : chaque rivière a une signature chimique propre, une odeur avec laquelle le poisson se familiarise, petit, et qu'il peut reconnaître précisément plus tard.
Suivant les populations, la migration s'effectue au printemps, été ou automne.
Mais il ne s’agit pas là d’une croisière de tout repos : après des centaines de kilomètres vers l'embouchure, il va leur falloir remonter des courants violents et franchir des chutes pour gagner le lit nuptial où la femelle dépose ses oeufs, fécondés ensuite par le mâle. Épuisés, les saumons meurent peu après.
Pourquoi tant d’efforts ?
Pour une eau froide, bien oxygénée, sans laquelle les oeufs ne se développeraient pas, et pour les alevins, qui ont besoin de séjourner en eau douce pendant une durée comprise entre une semaine et un an, selon la date de reproduction des parents.
Enfin débute la longue migration en sens inverse pour les jeunes poissons.
Cette seconde migration s’expliquerait par une productivité plus importante en mer qu'en eau douce, aux latitudes élevées. Cela procurerait plus de nourriture pour les saumoneaux en pleine croissance, qui, un jour, à leur tour, prendront un aller pour une rivière sans retour...
Mais ces deux migrations rencontrent des obstacles humains de taille : les barrages qui empêchent les saumons de remonter certains cours d’eau, ainsi que la pollution de certaines rivières. Si aucune action n’est entreprise, les populations de saumons risquent de diminuer jusqu’à un point de non-retour.
Les saumons de l’Atlantique ont pu, ces trente dernières années, subir les conséquences néfastes de l’augmentation des températures des rivières européennes. On a pu en effet constater une augmentation de 1 à 2°C de leur température, ce qui est considérable.
Ainsi, les mâles « précoces » atteignent la maturité sexuelle en rivière et peuvent y passer toute leur vie, tandis que les autres se métamorphosent et entreprennent le voyage en mer relaté auparavant, pouvant durer jusqu’à trois ans. Les saumons sont donc de plus en plus nombreux à ne pas aller en mer, et les séjours de ceux qui y vont se raccourcissent.
Il est donc nécessaire d’adopter une « stratégie d’urgence » face à ces conditions du milieu naturel qui se dégradent.
Ces vingt dernières années, le pourcentage de temps pendant lequel la température de l’eau en période de frai du saumon, vers la fin de l’automne, a dépassé les 11,5°C est passé de 4% à 11%. Dans ces conditions, la femelle cesse de se reproduire.
Par conséquent, si les températures ne cessent d’augmenter, on pourrait assister à des hivers sans reproduction, voire à l’extinction de l’espèce dans certaines rivières.

Les sardines, au coeur d'un écosystème



Au large des côtes sud-africaines se déroule une autre migration, et non des moindres. Entre courant chaud et courant froid, de gigantesques bancs de sardines se déplacent au large du Cap de Bonne-Espérance, dessinant un long serpent noir pouvant atteindre jusqu’à 35 kilomètres de long.
Devant pareil festin, les prédateurs se sont passé le mot. Baleines, dauphins, requins, fous de Bassan, otaries… Pas un ne manque à l’appel. Les invités au repas se pressent.
Les piqués des fous de Bassan, pouvant atteindre jusqu’à 70 kilomètres/heure, dessinent à la surface de l’eau des feux d’artifices de gerbes d’eau. Les oiseaux peuvent ainsi pénétrer dans l’eau jusqu’à dix mètres de profondeur pour saisir leur proie. Il s’agit là d’un véritable Pearl Harbor naturel, un ballet aquatique orchestré d’une main de maître par les dauphins. En encerclant les bancs de sardines, les mammifères marins font remonter à la surface les poissons, permettant ainsi aux oiseaux de piocher. À l’arrière, les requins attendent patiemment leur tour.
Mais ce parfait équilibre a été perturbé par le réchauffement des océans. En effet le retour de la migration des sardines de la côte Est à la côte Ouest de l’Afrique se fait de plus en plus tardif en raison de la modification des trajets des courants. Les prédateurs, n'ayant pas le temps de s'adapter, n'arrivent pas toujours au bon moment et ne peuvent alors plus profiter de cette manne. Et ce n’est pas tout : le réchauffement des océans a aussi affecté la profondeur des courants. Or celui dans lequel migrent les sardines est à une température bien particulière. L'eau chaude ayant tendance à remonter à la surface, ce courant devient plus profond, et les oiseaux marins s'épuisent à plonger de plus en plus profondément sans toujours parvenir à se rassasier.
Seulement, il ne s’agit pas là d’un simple changement d’habitudes, mais véritablement de la mise en péril de tout un écosystème : les dauphins, requins, otaries et oiseaux marins dépendent de cette migration pour se nourrir. Un retard signifie la mort d’un part importante de leur population. Sans cette migration, ils risquent de disparaître.
Une nouvelle conséquence indirecte de l'homme sur son environnement.

Le caribou victime du climat


L'une des plus impressionnantes migration de mammifères terrestres s'effectue au Canada : elle met en mouvement des hardes regroupant au total plus d'un million d'individus parcourant jusqu'à 6000 km par an. Ce mammifère est le caribou de la toundra (Rangifer tarandus groenlandicus). Des quatre sous-espèces de caribou, c'est celle dont les déplacements sont les plus spectaculaires.
Durant l'hiver, les cervidés se nourrissent de lichens dans la taïga, vaste forêt de conifères.
Au début du printemps, ils se rassemblent en de gigantesques troupeaux et, menés par les femelles gestantes, ils entament un périple vers le Nord qui les mènera dans la toundra. En effet, si ces femelles restaient dans les aires d'hivernage, les naissances se dérouleraient lors du pic d'émergence des moustiques, et ceux-ci sont alors assez nombreux pour tuer un faon nouveau-né. Eviter ces parasite est l'une des motivations de ce voyage. Parcourant parfois jusqu'à 65km par jour, ces véritables nomades sont souvent harcelés par des meutes de loups affamés attirés par des jeunes de l'année précédente ou des bêtes plus âgées et maladives.
Enfin, après un long voyage à travers lacs et rivières gelées, ces quadrupèdes infatigables atteignent la steppe de la zone arctique tant attendue. Ils s'y nourrissent de fleurs et de jeunes pousses de saules, riches en protéines nécessaires aux femelles gestantes. Celles-ci s'arrêtent dans leurs aires de vêlage, les mêmes d'une année à l'autre, tandis que le reste de la harde poursuit encore sa marche vers le Nord.
Lorsque les petits sont nés, les mères débutent le voyage de retour. Au cours de l'été, le reste de la harde les rejoint, plus rapide. Apparaissent alors d'immenses troupeaux de plusieurs dizaines de milliers d'individus. Ce rassemblement n'est pas sans raison : il permet d'échapper à l'assaut des moustiques. Mais du fait du réchauffement climatique, les insectes se font de plus en plus nombreux et envahissent des régions aux latitudes toujours plus élevées, ce qui rend le voyage plus fastidieux, voire périlleux pour les jeunes de l'année.
Pour finir, nos animaux se divisent en groupes plus petits, sans pour autant s'arrêter : ils continueront jusqu'à la taïga dans laquelle ils passeront un nouvel hiver, avant d'être à nouveau appelés par les contrées plus septentrionales au printemps suivant.
Cependant, les hivers se font plus doux et la pluie remplace petit à petit la neige. Avec le gel nocturne, le lichen se retrouve alors sous une épaisse couche de glace. Les caribous, habitués à fouiller la neige pour se nourrir du lichen, n'ont plus accès à cette source de nourriture. Si le réchauffement climatique ne s'enraye pas, les caribous seront non seulement menacés par les moustiques, mais aussi par la famine.

Gnous, zèbres et gazelles: une migration fatale




Chaque année, à la saison sèche, gnous, zèbres et gazelles se mettent en marche vers de nouveaux pâturages. Cette migration rassemble la plus grande concentration d'ongulés au monde : près de deux millions, dont la moitié de gnous.
Aux prémices de la saison sèche, les herbivores quittent les savanes d'herbes basses du Parc national du Serengeti, en Tanzanie. Ils se dirigent d'abors vers les rives du lac Victoria, puis vers la réserve du Masaï Mara, au Kenya. Ils avancent, sans troupeaux particuliers, d'un rythme irrégulier, au gré des orages qui font apparaître de jeunes pousses. Pourtant, le voyage n'est pas sans dangers : les prédateurs, lions et guépards, les poursuivent, mais ce n'est pas le plus dur. L'épreuve de force est la traversée des rivières, en particulier le fleuve Mara. Pendant quelques jours, les gnous attendent devant celui-ci, et se rassemblent. Enfin, ils se lancent. Durant une dizaine de jours, une apocalypse sauvage règne sur les lieux : les ongulés traversent le Mara dans le plus grand désordre. Vingt mille bêtes ne survivront pas, épuisées, enlisées, piétinées ou encore dévorées par les crocodiles.
Ce véritable raz-de-marée animalier ne ravit pas seulement les crocodiles, mais aussi les charognards, varans, vautours, marabouts et milans, attirés par les nombreux cadavres. Enfin, ceux qui ont réussi à passer atteignent la Terre Promise : le Masaï Mara et ses hautes herbes. Ils y paissent jusqu'à la fin de la saison sèche.
Aux premières pluies, synonymes de renouveau végétal, le vaste rassemblement d'herbivores reprend le chemin du Serengeti. Pourquoi ne pas rester dans la réserve kenyane ? On soupçonne un déficit en phosphore de ses plantes qui serait dangereux pour la santé des ongulés. Ils retournent donc dans le Serengeti aux herbes riches en minéraux et, pour un moment, exempt de prédateurs, puisque ceux-ci doivent s'occuper de leur nouvelle progéniture née dans le Masaï Mara.
Beaucoup de migrations, si elles mènent à la vie, sont aussi sources de mort. Celle-ci en est un exemple des plus probant. Les animaux luttent chaque jour pour survivre, et si nous comparons animaux et humains, nous avons une vie plutôt aisée. Comment pouvons-nous alors leur rajouter des difficultés en ne respectant pas les équilibres écologiques de notre planète ?

Avis aux lecteurs

Je ne compte pas faire de ce blog un journal intime plus très intime, mais une mise sur internet de mon TPE de l'année dernière, dont le thème est: les migrations animales mises en péril par l'activité de l'homme. Tous les articles ne sont donc pas de ma plume (puisque le TPE est une sorte d'exposé en petit groupe).
Sauf chance, je ne prévois pas vraiment de rajouter d'article (le dossier était sous forme de magazine).