vendredi 10 avril 2009

Le Grenelle de l'environnement : un véritable premier pas vers l'écologie?



Du 15 juillet à fin décembre 2007, en France, s'est déroulé la création du Grenelle de l'environnement. Plusieurs phases se sont succédées : tout d'abord, l'élaboration de propositions d'actions, puis la consultation des publics, l'élaboration de plans d'action et de programmes, et enfin, la phase opérationnelle. Six groupes de travail composés de quarante membres chacun ont débattu des grands axes d'action en fonction de leur thématique. Au final, plusieurs décisions ont été adoptées dans différents domaines : l'énergie, l'agriculture, les transports, le bâtiment, la biodiversité et la santé.
Au niveau de l'énergie, la stratégie des « 3 fois 20 en 2020 » devrait être adoptée. Elle consiste à diminuer de 20% les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d'énergie, et à augmenter de 20% la part des énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolien, biomasse, géothermie). La production de lampes à incandescence devrait aussi être stoppée d'ici à 2010.
La réduction de moitié de l'utilisation de pesticides sur les terres agricoles d'ici à 2010 est une décision finalement atténuée du fait qu'il n'y a plus de calendrier précis.
Un système d'« écopastilles » et de bonus-malus pour chaque voiture doit être mis en place : une taxe sur l'achat de voitures qui rejettent trop de dioxyde de carbone au kilomètres, une ristourne pour celles qui en rejettent très peu. Le système du ferroutage devrait être remis en valeur et de nombreuses lignes de tramways et de TGV doivent être crées. Au niveau de l'aérien, on projette de diminuer de 50% les émissions de dioxyde de carbone et les nuisances sonores.
Dans le bâtiment, les nouvelles constructions devront respecter les normes de très haute performance énergétique (un maximum de 50 kWh/m² contre 240 kWh/m² en moyenne aujourd'hui). L'Etat rénovera ses anciennes constructions et incitera fortement les particuliers à le faire à l'aide de crédits d'impôts et de prêts.
La biodiversité est à la page, puisque le « premier outil opérationnel du Grenelle » est la Fondation de coopération pour la recherche sur la biodiversité et la préservation du vivant, créée en février 2008. De plus, en 2012, 10% de nos eaux territoriales seront classées en aires marines protégées.
Enfin, des efforts seront fait pour ne pas dépasser le seuil de 15 microgrammes par mètre cube de particules fines dans l'air, d'ici à 2015 (alors que l'OMS préconise de ne pas dépasser les 10 microgrammes par mètre cube).
Prenons un peu de recul.
Les ONG représentant l'écologie au Grenelle ont été désignées par le gouvernement, et certaines ont été exclues, comme le Réseau Sortir du nucléaire, ce qui n'est évidemment pas sans raison : l'Etat a confirmé son engagement pro-nucléaire tout au long des négociations. Ironie du sort, M.Sarkozy annonçait dans son discours à l'occasion de la restitution des conclusions du Grenelle : « En tant que chef de l'Etat, vos propositions, je les fais miennes, je les porterai et je les mettrai en oeuvre ».
Beaucoup de mesures, si elles sont bienvenues, ont déjà été adoptées par nos voisins européens, sans autant de tapage médiatique. Les OGM, sujet traité avec réserve, ont obtenu un gel des cultures jusqu'au printemps, date des prochains semis. On ne peut que sourire face au projet des 10% d'eaux territoriales classées en aires marines protégées, puisque c'est un objectif auquel la France a souscrit en 2002... au Sommet de Johannesburg. Nous en sommes à 0,19%.
Au final, ce rendez-vous mondain a plus annoncé des chantiers aux destinées incertaines que des décisions sonnantes et trébuchantes. Et force est de constater que, bien que les participants aient remués de grandes phrases sur la biodiversité, les terrritoires d'outre-mer sont peu évoqués, alors qu'ils constituent l'une des plus grandes richesses naturelles de la France.
Le seul mérite du Grenelle a été de propulser les thèmes de la préservation de la nature et de la biodiversité au coeur du débat public. Il nous fait entrer maintenant solennellement dans une nouvelle ère de protection de la nature.
Le vrai Grenelle commence aujourd'hui.

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