vendredi 3 avril 2009

La migration entravée des saumons



Le saumon quinnat, aussi dit royal (oncorhynchus tshawytsha) est le plus gros de tous les saumons du Pacifique, pouvant peser jusqu’à 60kg.
À la saison des amours, les poissons âgés de 3 à 5 ans, matures sexuellement, vont frayer dans leur rivière natale, du Kamtchatka à Hokkaido, de l'Alaska à la Californie, quittant leur domaine maritime pour rejoindre le cours d'eau qui les a vu éclore. Ils le reconnaissent à l'odorat : chaque rivière a une signature chimique propre, une odeur avec laquelle le poisson se familiarise, petit, et qu'il peut reconnaître précisément plus tard.
Suivant les populations, la migration s'effectue au printemps, été ou automne.
Mais il ne s’agit pas là d’une croisière de tout repos : après des centaines de kilomètres vers l'embouchure, il va leur falloir remonter des courants violents et franchir des chutes pour gagner le lit nuptial où la femelle dépose ses oeufs, fécondés ensuite par le mâle. Épuisés, les saumons meurent peu après.
Pourquoi tant d’efforts ?
Pour une eau froide, bien oxygénée, sans laquelle les oeufs ne se développeraient pas, et pour les alevins, qui ont besoin de séjourner en eau douce pendant une durée comprise entre une semaine et un an, selon la date de reproduction des parents.
Enfin débute la longue migration en sens inverse pour les jeunes poissons.
Cette seconde migration s’expliquerait par une productivité plus importante en mer qu'en eau douce, aux latitudes élevées. Cela procurerait plus de nourriture pour les saumoneaux en pleine croissance, qui, un jour, à leur tour, prendront un aller pour une rivière sans retour...
Mais ces deux migrations rencontrent des obstacles humains de taille : les barrages qui empêchent les saumons de remonter certains cours d’eau, ainsi que la pollution de certaines rivières. Si aucune action n’est entreprise, les populations de saumons risquent de diminuer jusqu’à un point de non-retour.
Les saumons de l’Atlantique ont pu, ces trente dernières années, subir les conséquences néfastes de l’augmentation des températures des rivières européennes. On a pu en effet constater une augmentation de 1 à 2°C de leur température, ce qui est considérable.
Ainsi, les mâles « précoces » atteignent la maturité sexuelle en rivière et peuvent y passer toute leur vie, tandis que les autres se métamorphosent et entreprennent le voyage en mer relaté auparavant, pouvant durer jusqu’à trois ans. Les saumons sont donc de plus en plus nombreux à ne pas aller en mer, et les séjours de ceux qui y vont se raccourcissent.
Il est donc nécessaire d’adopter une « stratégie d’urgence » face à ces conditions du milieu naturel qui se dégradent.
Ces vingt dernières années, le pourcentage de temps pendant lequel la température de l’eau en période de frai du saumon, vers la fin de l’automne, a dépassé les 11,5°C est passé de 4% à 11%. Dans ces conditions, la femelle cesse de se reproduire.
Par conséquent, si les températures ne cessent d’augmenter, on pourrait assister à des hivers sans reproduction, voire à l’extinction de l’espèce dans certaines rivières.

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