vendredi 3 avril 2009

Les sardines, au coeur d'un écosystème



Au large des côtes sud-africaines se déroule une autre migration, et non des moindres. Entre courant chaud et courant froid, de gigantesques bancs de sardines se déplacent au large du Cap de Bonne-Espérance, dessinant un long serpent noir pouvant atteindre jusqu’à 35 kilomètres de long.
Devant pareil festin, les prédateurs se sont passé le mot. Baleines, dauphins, requins, fous de Bassan, otaries… Pas un ne manque à l’appel. Les invités au repas se pressent.
Les piqués des fous de Bassan, pouvant atteindre jusqu’à 70 kilomètres/heure, dessinent à la surface de l’eau des feux d’artifices de gerbes d’eau. Les oiseaux peuvent ainsi pénétrer dans l’eau jusqu’à dix mètres de profondeur pour saisir leur proie. Il s’agit là d’un véritable Pearl Harbor naturel, un ballet aquatique orchestré d’une main de maître par les dauphins. En encerclant les bancs de sardines, les mammifères marins font remonter à la surface les poissons, permettant ainsi aux oiseaux de piocher. À l’arrière, les requins attendent patiemment leur tour.
Mais ce parfait équilibre a été perturbé par le réchauffement des océans. En effet le retour de la migration des sardines de la côte Est à la côte Ouest de l’Afrique se fait de plus en plus tardif en raison de la modification des trajets des courants. Les prédateurs, n'ayant pas le temps de s'adapter, n'arrivent pas toujours au bon moment et ne peuvent alors plus profiter de cette manne. Et ce n’est pas tout : le réchauffement des océans a aussi affecté la profondeur des courants. Or celui dans lequel migrent les sardines est à une température bien particulière. L'eau chaude ayant tendance à remonter à la surface, ce courant devient plus profond, et les oiseaux marins s'épuisent à plonger de plus en plus profondément sans toujours parvenir à se rassasier.
Seulement, il ne s’agit pas là d’un simple changement d’habitudes, mais véritablement de la mise en péril de tout un écosystème : les dauphins, requins, otaries et oiseaux marins dépendent de cette migration pour se nourrir. Un retard signifie la mort d’un part importante de leur population. Sans cette migration, ils risquent de disparaître.
Une nouvelle conséquence indirecte de l'homme sur son environnement.

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