vendredi 3 avril 2009

Le caribou victime du climat


L'une des plus impressionnantes migration de mammifères terrestres s'effectue au Canada : elle met en mouvement des hardes regroupant au total plus d'un million d'individus parcourant jusqu'à 6000 km par an. Ce mammifère est le caribou de la toundra (Rangifer tarandus groenlandicus). Des quatre sous-espèces de caribou, c'est celle dont les déplacements sont les plus spectaculaires.
Durant l'hiver, les cervidés se nourrissent de lichens dans la taïga, vaste forêt de conifères.
Au début du printemps, ils se rassemblent en de gigantesques troupeaux et, menés par les femelles gestantes, ils entament un périple vers le Nord qui les mènera dans la toundra. En effet, si ces femelles restaient dans les aires d'hivernage, les naissances se dérouleraient lors du pic d'émergence des moustiques, et ceux-ci sont alors assez nombreux pour tuer un faon nouveau-né. Eviter ces parasite est l'une des motivations de ce voyage. Parcourant parfois jusqu'à 65km par jour, ces véritables nomades sont souvent harcelés par des meutes de loups affamés attirés par des jeunes de l'année précédente ou des bêtes plus âgées et maladives.
Enfin, après un long voyage à travers lacs et rivières gelées, ces quadrupèdes infatigables atteignent la steppe de la zone arctique tant attendue. Ils s'y nourrissent de fleurs et de jeunes pousses de saules, riches en protéines nécessaires aux femelles gestantes. Celles-ci s'arrêtent dans leurs aires de vêlage, les mêmes d'une année à l'autre, tandis que le reste de la harde poursuit encore sa marche vers le Nord.
Lorsque les petits sont nés, les mères débutent le voyage de retour. Au cours de l'été, le reste de la harde les rejoint, plus rapide. Apparaissent alors d'immenses troupeaux de plusieurs dizaines de milliers d'individus. Ce rassemblement n'est pas sans raison : il permet d'échapper à l'assaut des moustiques. Mais du fait du réchauffement climatique, les insectes se font de plus en plus nombreux et envahissent des régions aux latitudes toujours plus élevées, ce qui rend le voyage plus fastidieux, voire périlleux pour les jeunes de l'année.
Pour finir, nos animaux se divisent en groupes plus petits, sans pour autant s'arrêter : ils continueront jusqu'à la taïga dans laquelle ils passeront un nouvel hiver, avant d'être à nouveau appelés par les contrées plus septentrionales au printemps suivant.
Cependant, les hivers se font plus doux et la pluie remplace petit à petit la neige. Avec le gel nocturne, le lichen se retrouve alors sous une épaisse couche de glace. Les caribous, habitués à fouiller la neige pour se nourrir du lichen, n'ont plus accès à cette source de nourriture. Si le réchauffement climatique ne s'enraye pas, les caribous seront non seulement menacés par les moustiques, mais aussi par la famine.

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